Pas
facile de dire qui sont les généalogistes de 2006. On se doute que l'on est
loin de l'image poussiéreuse de l'érudit enfermé dans un cagibi entouré de
vieux papiers. Jusqu'ici, trois études avaient été menées, mais ciblées (sauf celle
de la SOFRES) sur un échantillon de personnes déjà généalogistes (1). Interroger
le grand public sur la généalogie, c'est ce qu'à fait IPSOS en juin 2006. Les
résultats ont été publiés en octobre par le commanditaire de l'enquête, Notrefamille.com,
société éditrice du site Genealogie.com.
Premier
point, la généalogie intéresse un français sur deux (48%). Si mes
souvenirs sont bons, le dernier recensement montrait qu'il y avait 64 millions
de français. Cela fait 32 millions de généalogistes potentiels ! Si l'on
raisonne par famille (voilà une notion plus abstraite), l'enquête montre que
42% des familles disposent déjà d'un arbre généalogique.
Ce n'est plus un potentiel, c'est un raz de marée !
Ensuite,
IPSOS met des chiffres sur un phénomène constaté depuis des années par les
services d'archives et les responsables associatifs. 23% des français déclarent
avoir déjà effectué des recherches généalogiques ou consulté des sources
(livres, magazines, sites Internet...) au cours des deux dernières années.
La
généalogie, une affaire de "cheveux blancs" ?
Un peu
quand même, puisque les recherches sont principalement faites par des personnes
retraitées ou inactives (35,5%), même si cette passion est partagée par toutes
les tranches d'âges : 20,1% des 15-24 ans et 23,7% des 35-49 ans. Et ces
chiffres ne demandent qu'à changer puisque la généalogie connait un essor sans
précédent. En effet, outre les 23% de français qui ont fait une démarche
active, c'est 25% des personnes interrogées qui se disent prêtes à débuter une
recherche.
En
quelques années, le Web est devenu la première source d’information en
généalogie. Parmi les 23% de français qui se déclarent activement intéressés
par la généalogie, 13% d’entre eux ont déjà visité un ou plusieurs sites
Internet se rapportant à cette passion. Ce résultat se situe loin devant les
livres ou les magazines spécialisés qui ne représentent que 7% des sources
d’information et de recherche. Et encore, ces statistiques ne détaillent pas
l'intérêt des français pour les blogs de généalogie…
(1) Les 3
enquêtes précédentes
- En
octobre 2001, la SOFRES a réalisé une enquête sur les rapports qu’entretiennent
les Français avec leurs archives. Elle a démontré qu'un foyer français sur onze
compte son "petit généalogiste". Source : le site de Jean-Louis
Beaucarnot
- Une
enquête réalisée en 1999 par les Archives de France, a démontré que les
généalogistes actifs sont à 52 % des hommes (pas très significatif !), que la
moitié sont âgés de 25 et 49 ans (le rajeunissement est notable) et qu'à 45%, ils ont un niveau Bac et sont des
employés et des cadres, des enseignants et des professions libérales. La suite
toujours sur le site de JLB.
- Une
enquête menée par le site Généalogie Standard
- Une
enquête menée par GeneaNet auprès de ses visiteurs "Qui sont les
généanautes ?" (format PDF) en avril 2005.
- Enquête Ipsos pour Notrefamille.com destinée à mesurer l’intérêt des français
pour la généalogie.
L’institut de sondage a interrogé un échantillon
représentatif de la population française composé de plus de 1.000 personnes de
plus de 15 ans. Les résultats détaillés sont ici (format PDF) et l'interview vidéo de Louis Rougier, directeur général adjoint de Ipsos Insight est ici.
Dessin de la semaine par Thierry Duchesne.
D'accord sur ces deux réflexions :
- Le sens de toute recherche généalogique n'est bien évidemment pas d'empiler les ancêtres comme des papillons mais d'enquêter sur leur vie pour savoir qui ils ont été, comment ils ont vécu, recueillir en quelque sorte leur héritage moral bien sûr, génétique aussi et parfois financier (nous parlerons ici bientôt de généalogie successorale).
- Ce ne sont pas 32 millions de généalogistes potentiels, merci Jean-Yves de rectifier mon emballement, puisque seuls ont été interrogés les plus de 15 ans. Mais allez, soyons généreux, à la louche, je te les laisse à 20 millions !
Rédigé par : Guillaume de Morant | 16 novembre 2006 à 11:34
L'enqête a été réalisée sur les personnes agêes de plus de 15 ans, ce qui fait donc beaucoup moins que 32 millions de "généalogistes potentiels".
Rédigé par : Jean-Yves | 16 novembre 2006 à 11:01
Ces résultats sont intéressants même si on reste un peu sur sa faim par l'affirmation "l'enquête montre que 42% des familles disposent déjà d'un arbre généalogique".
Que veut dire "disposer d'un arbre généalogique" ?
Quel est ici le sens du mot "famille" ? Est-ce la famille au sens large incluant les cousins, voire les cousins issus de germains ?
Beaucoup de personnes disent avoir un arbre généalogique dans leur famille sans vraiment savoir ce qu'il contient ni qui l'a réalisé. Combien de générations ? Les sources sont-elles documentées ?
Par ailleurs, si cette enquête annonce que "le Web est devenu la première source d’information en généalogie", les généalogistes ne s'y trompent pas et savent que rien ne remplacera jamais le plaisir de parcourir les archives, de débusquer un aïeul dans un vieux grimoire, de savoir qu'il a posé ses mains sur le registre que l'on a sous les yeux. Bref, le web est un outil, un outil formidable, mais doit impérativement rester un outil pour que la généalogie reste cette passion que nous partageons tous !
Rédigé par : Christophe Becker | 16 novembre 2006 à 10:41