Je suis aux Archives Nationales et je demande à consulter l'acte de donation de Richelieu à mon aïeul. Va t-on m'apporter le document ? Non, car toute la liasse est en réserve. Cela veut dire que
ces actes ont été mis hors du circuit de consultation habituel. Rien à faire.
J'insiste. On me donne le numéro de téléphone d'un responsable du minutier
central. J'appelle et j'apprends une histoire extraordinaire.
La liasse 307 de l'étude 86 a été volée sans doute au XIXe
siècle. La signature de Richelieu a toujours suscité des convoitises.
L'extraordinaire, c'est que les Archives Nationales surveillent les ventes aux
enchères et les transactions entre collectionneurs d'autographes. Il y a
quelques mois, cette liasse concernant des actes signés Richelieu est apparue
en salle des ventes. Les Archives Nationales, constatant la bonne foi du
vendeur (il ignorait que ces actes avaient été volés) lui ont racheté. Combien
? La transaction reste confidentielle comme d'habitude. Mais on avance la somme
de 20.000 euros pour 90 actes signés de la main du Cardinal…
En
racontant cette histoire très personnelle, j'ai obtenu une autorisation pour
consulter et photographier cet acte. Rendez vous le jeudi 7 décembre à 14
heures dans le bureau d'un responsable du Minutier Central. C'est au 87 rue Vieille du
Temple. Vous ne pouvez pas vous tromper, c'est le grand portail de l'hôtel de
Soubise. Ici sont conservés les millions d'actes notariés des notaires
parisiens depuis le XVe siècle et parfois un peu avant. Le responsable m'ouvre
le gigantesque battant du portail. Nous traversons la cour d'honneur, tournons à droite
sous un porche et arrivons dans une deuxième cour. Nous passons sous le
magnifique bas-relief de Robert Le Lorrain "Les Chevaux du Soleil" et arrivons dans un petit escalier encombré de
cartons gris. La place manque et ces actes, récemment déposés par les notaires,
sont entreposés là en attendant un archivage plus définitif. Dans une grande pièce encombrée m'attendent les précieux actes, posés à même une petite table en formica.
Les commentaires récents