C'est une incroyable confusion que nous révèlent l'Express et France 5. Les généalogistes auvergnats de l'association Aprogemere qui avaient participé à une expérience scientifique de généalogie génétique, menée par des universitaires américains se sont retrouvés fichés dans une base de données de criminels. Une base exploitée par une entreprise privée et consultée par toutes les polices du monde ! Rien à voir avec l'accord donné pour une exploitation scientifique de leur ADN.
L'affaire est reprise sur le blog Inside the USA, écrit par un français ayant étudié à l'université de Penn State, celle là même qui a mené les tests génétiques en France. Le blog donne la parole à Marc Bauchet, un chercheur français lui aussi, qui défend son projet de recherche et avoue ce cafouillage. Depuis, les généalogistes ont été effacés de cette base de données, mais cette affaire en dit long sur les possibilités de mélange des genres dès qu'il s'agit d'ADN, de bases de données et de généalogie. On comprend la méfiance et parfois la frilosité de notre bonne vieille commission Informatique et Liberté !
Pour en savoir plus sur l'expérience du club généalogique auvergnat, c'est là, dans l'article de l'Express du 15 juin 2006 intitulé "Tout savoir sur nos origines" par Gilbert Charles et aussi chez nos amis de la Revue Française de Généalogie dans le numéro du mois de décembre 2006-janvier 2007, l'ADN révélateur des origines, sous la plume de Charles Hervis.
Lire l'article de l'Express du 28 mars sur les "apprentis sorciers du fichage ethnique" par Gilbert Charles.
Pour en savoir plus sur le documentaire de France 5 "Pistés par nos gènes", par Philippe Borel et Gilbert Charles, diffusé le 1er et le 4 avril.
Mais non, attention, ce n'est pas une base de base de données de criminels ! C'est une base de données médico-légale, permettant d'estimer l'ascendance de suspects ou victimes dans les analyses médico-légale. Comme quoi tout le monde peut faire des erreurs, espérons que celle-ci est aussi innocente que celle des chercheurs (dont je suis), qui fut corrigée rapidement (effacement de la base de donnée, et nous nous sommes dûment expliqués et excusés auprès des intéressés). Peut-être serait-il bon de préciser que cette base de donnée si effrayante a permis des progrès fulgurants dans certaines enquêtes, cependant à ma connaissance limitées au territoire US. Faut-il aussi se demander quel est le danger de se retrouver dans une "base de données" ? Selon ce que ça contient et selon ce qu'on peut en faire ? C'est un vaste sujet, mais notons que les auvergnats en question n'avaient pas leur nom ni leur propre ADN dans la base (seulement la photo et les résultats de leur test d'ascendance). Est-ce que ça justifie une telle alarme ?
Finalement, est-ce vraiment "une dérive de la généalogie génétique", alors que les messages marketings des compagnies des tests d'ascendance rivalisent de tromperie ? Un code de bonne conduite en généalogie génétique serait en effet bienvenu, mais qui en vérifierait l'application ?
Rédigé par : Marc Bauchet | 08 janvier 2008 à 15:04
Le trackback ne marche pas... J'ai parlé de la généalogie génétique (tout du moins de son marketing) sur http://www.francegenweb.org/blog/?2007/06/17/281-que-penser-de-la-publicite-genealogique-iie
Rédigé par : Guillaume R. | 17 juin 2007 à 20:57
Oui, je suis bien d'accord, l'image de la généalogie génétique ne mérite pas cela. Cependant, voilà un bel exemple d'une dérive que l'on ne souhaite pas voir. Le mélange des genres s'est fait d'une manière tellement facile, alors que tout paraissait sérieux et bouclé dans cette expérience. N'exagérons pas non plus la portée de cette erreur qui a été commise -je crois que c'est établi- d'une manière bien involontaire. Mais cela donne quand même à réfléchir. Et peut être à agir : un code de bonne conduite en généalogie génétique ? Une charte à respecter pour les entreprises qui commercialisent les tests ?
Rédigé par : guillaumedemorant | 20 avril 2007 à 10:15
Quel dommage de donner cette mauvaise image de la généalogie génétique alors que le couple concerné (oui, seulement un couple) a confirmé qu'il n'était pas inquiet du tout.
Pas grave : pendant ce temps, nos amis anglosaxons avancent à pas de géants en généalogie génétique.
D'ailleurs, j'en parle de plus en plus sur GeneaSofts et je vais en parler encore plus...
PS: Guillaume, ne t'inquiète pas, je ne suis pas fâché ;-))
Rédigé par : Jean-Yves | 19 avril 2007 à 23:49